la vengeance d’Issa…

I

Les notables grassouillets de Djelfa étaient tous présent ce jour la à El sahraoui hôtel. Moustaches aiguisées, costumes clinquants, les cravates nouées à se rompre le cou , ils se prélassaient autour des ripailles et se dodelinaient lourdement de la tête syntone à l’orchestre d’une chanteuse à la mode spécialement venue du Liban pour les célébrations de la fête du mouton .

Les plus vaillants de la cohorte dodue bondissaient comme des possedés du parterre à l’estrade et secouaient facétieusement leurs postérieurs près de la diva.

– Alors si Bentonite ,n’est ce pas beau l’Algérie !? S’écria Si oueldzoïk tout en s’essuyant du revers de la main sa moustache de mérou adipeux.

– le plus beau pays du monde ! Nouu nou  ; que dis-je ?! De l’univers Si oueldzoïk ! Regarde ce beau spectacle, Majora  bentonite avec enthousiasme , se grattant le cul avec ardeur.

Près du lieu ou se tenait ces solennités, issa habitait une cahute dans un bidonville au pied de l’hôtel, il examinait sombrement du coin de l’œil sa mère malade, elle délirait. Il ne pouvait rien faire pour elle maintenant, le diagnostic du médecin était clair et il l’entendit tel un verdict injuste « on peut rien faire pour elle, la tumeur a progressé sur le lobe droit du cerveau, il ne reste plus beaucoup temps, il faut la ramener près des siens… »

Issa était son seul sien. Il habitait seul avec elle désormais depuis que sa femme l’a quitté.

L’échec de sa vie conjugale fut impeccable! Sa femme Fella l’a savamment charpenté, brillamment réalisé….Elle a ruiné en un sa vie. Son infidélité a foutu en l’air le mariage qu’ issa a tant rêvé et l’a converti en un pauvre niais, une inexhaustible matière à la moquerie de la canaille.

Les mauvaises langues dirent après coup en cœur: «ah… là félonne!» et aussitôt riaient dans leurs barbes “ah le couillon ..c’était prévisible . »

Fella fut toujours émerveillée par les splendeurs doucereuses et leur luxe affriolant .Un jour le soleil terrible de djelfa jouait l’odieux, elle sortit chercher de l’eau, une grosse voiture s’arrêta près d’elle, les babines vermeilles de Oueldzoik l’ont invité a faire un tour à la guinguette le « méchoui Ouled Djellal » ou on faisait cuire à la braise les plus tendres agneaux et l’on servait les vins les plus exquis, elle y céda.

Et elle n’était pas revenue cette nuit là….le lendemain le malheureux découvrit ses légèretés.

Issa aima sa femme d’un amour intégral mais cela n’a pas suffit, l’amour a lui seul peut il suffire ? Peut être…en tout cas il n’a pas suffi à Fella…

Déchaîné par une colère satanique, issa saisit une fauche et courut dans toutes les directions, il se voyait déjà déchirer les entrailles de sa femme et se surprenait dans des visions morbides mordre dans sa jugulaire béante, mais Fella a fui en catastrophe avec son enfant dont il sut après …qui n’était pas le père!

Le fiasco fut sensationnel. Le scandale galopait telle une jument sournoisement éperonnée , de bourgade en bourgade. Issa était inconsolable: Il ne quittait plus le zinc de la seule buvette clandestine de son douar.

II

Si oueldzoik qui avait bâti son empire sur la traite de la merde, était un professionnel.

Il voulait à tout prix , rafler le marché du nouveau plan d’assainissement des eaux usées la ville, le plus important depuis des années. Mais la concurrence était rude.

Des novices, des étrangers et des parvenus  étaient mit au parfum de cette délicieuse meringue qui sentait pas moins de  vingt ou trente milliards .Tout les coups étaient permis désormais ; un ex wali le voulait pour son fils entrepreneur, le colonel KAAWANE le voulait pour sa femme Zoubida la naine néanmoins prospère et terrible promotrice, et l’influant député de la région Hadj MECHAWTAN le voulait pour son ARCH et hurlait de rage et de suffisance que personne ne mangera L’gâteau de l’âtre familial.

Tout le monde faisait jouer son argent, ses contacts, ses combines et ses ramifications ; pressions, menaces de mort, hommes de mains ‘’  LA SYSTEM  ‘’ matrice corrompue, corruptible et corruptrice se déchirait à couteaux tirés. Djelfa bouillonnait de tous ses chaudrons méphitiques.

Oueldzoik examina les faits. Ils étaient dangereux.  Il se tenait maintenant dans une posture hermétique, l’enjeu était si important qu’il pouvait attenter à sa vie et la vie des siens. La situation était si grave… Il n’arrivait pas à  trouver des solutions pour s’accaparer cette meringue qui ne voulait pas laisser se bifurquer.

On le voyait dérouté, souvent remuant hargneusement ses bras, frappant et injuriant ses valets  .il semblait disposer à massacrer les plus intimes pour la moindre vétille.

Les récentes concurrences lui ont complètement fait perdre son sang froid. Il frappa sa tête contre les murs en se disant qu’on venait maintenant Paître dans ses champs, jadis personne n’osait approcher les marchés qu’il convoitait, ainsi , il jugea amèrement qu’il avait perdu de sa superbe , qu’on le craignait plus ;ni ses fameux ires ni ses serments intransigeant à Djelfa.

Les mauvais génies rodaient à ses portes désormais, il les apercevait trop près de lui et de ses affaires.

Il essaya  de chercher une bénédiction, médita une résolution  …..À la mosquée ? pensa-t-il, mais  c’était trop facile trop commun et ça manquait d’originalité. Il l’a déjà fait, il le fait chaque jour, et il savait qu’il n’était pas tout à fait franc jeu, tout à fait  quitte avec ce bon dieu là.

Un soir, fatigué, ne sentant plus d’élan pour réfléchir aux affaires, il s’abandonna chez  madame kheira la maquerelle de la ‘’ missa ‘’ sorte de cérémonies en plein air qui se tenait aux terrains vagues de la steppe ou s’invitaient les notables de la ville pour s’adonner à des orgies sauvages gardées religieusement sous le seau discret de quelques initiés.

La toute respectable Madame kheira le voyant détaché des jouissances, triste et contraire à son habitude observa son attitude discrètement et conclut que c’était juste du mauvais œil. Elle  lui conseilla une visite à la zaouïa sidi Thamer saint des saints de la localité.

‘’En Voila une bonne’’ se réjoui-t-il avec un stigmate qui laissa scintiller l’éclat sinistre de  ses dents jaunes au coin du feu de bois ou des flammes tournoyantes éclairaient dans une scène démoniaque le corps nu de Si Bentonite, léchant voracement le sein d’une jeune fille chétive, ivre morte, au teint blafard et aux yeux révulsés.

Si ouledzoik se leva aux aurores fait ses ablutions, et sa prière peu de temps après à la grande mosquée de la ville, comme d’habitude au premier rang. Il se vêtît de  sa plus belle Kachabia ajoutant un air plus grave encore, aux démesures de l’absolution.

Il ressortit d’une démarche qu’il voulait majestueuse mais qui demeurait bancale et grossière, bondit dans sa voiture suivi, tel des chiens de chasses de cinq autres véhicules du clan. S’accola peu de temps après au cortège une Toyota qui portait le présent qui va être donné en sacrifice à l’honneur de Si Thamer ; dix  moutons bien gras !

Il arriva à la Montagne Elwahchia . Il trouva une nuée de quémandeurs à l’affût des visiteurs, une pléiade de marâtres avec des coqs agités et des gosses tremblotants et criards, quelques faux noblaillons et  plein de gentilshommes aux costumes fringants qui l’ont apparemment  devancé. Sûrement dépêchés par ses rivaux  prier pour les mêmes desseins pittoresques, résolut –t- il.

Le soleil commençait à se dégager des ténèbres peignant de ses faisceaux rompant les magnificences de Djelfa de lueurs ambrées puis s’étalaient sur les terres ancestrales des aïeux qui s’éclaircissait admirablement maintenant. L’austère froideur nocturne s’éliminait peu à peu au profit d’une douceur encore timide.

Laissant ses valets près des voitures diluer l’ennuie avec des doses de whisky. Il s’avança suivi de son pâtre et du coquet petit cheptel, en direction du mausolée, il ordonna d’une voix gutturale d’égorger les bêtes, le berger tressaillit  et s’employa machinalement à la besogne. Le sang chaud giclait et s’éclaboussait à outrance, les agneaux se succédaient sous la lame experte de Rabah Laâmech, leur sang se rependait sur la terre givrée libérant des vapeurs moites et écœurantes.

Il s’arrêta à l’entrée du mausolée, fait signe de sa tête à ses domestiques.

Quelques laquais coururent, délogèrent rapidement quelques femmes installées à l’intérieur de la zaouïa à coup de cannes. Ouldzoik entra. Sitôt seul devant le sépulcre, il  se prosterna :

– oh auspice divin…oh  sidi Thamer , saint des saints , bénit soit ce lieu , bénit est ta mansuétude … couvre moi de ta grâce , gratifie moi de ta baraka , que tes ennemies périssent , que ceux qui ne t’adorent pas s’aveuglent et se brouillent…

Si oueldzoik perdit après quelques temps perdit  la notion du temps, il était là prosterné, agenouillé parfois allongé sur le ventre joignant les mains. Il marmonnait des lexies et bramait des implorations espérant sous l’égide du bienheureux trouver les voies de sa fortune et ravir le marché.

Il compulsait les manœuvres qu’entreprendraient de ses rivaux .Quelques risques de perdre le contrat revenaient aboyantes au pied de sa quiétude et le tourmentèrent fâcheusement .Ce marché est le plus important dans cette contrée …dans ma vie se dit-il,  à cette pensée  Il se tortilla pour  presser une larme afin d’émouvoir la commisération du saint mais celle-ci ne désirait pas s’inviter sur sa bajoue de comploteur.

Il marmonna quelques prières plus studieusement. Se lamentant parfois d’une posture mensongèrement humble, le visage entre ses mains…l’exaspération, la tourmente, et le silence ont fait monter en lui une envie irascible de tout foutre en l’air.  Il pensa dans ce haut lieu de recueillement faire payer quelques fripouillards pour mettre la ville à feu et à sang sous quelque prétexte quelconque histoire de semer la zizanie, brouiller les priorités actuelles,  une diversion pour détourner les attentions sur les troubles contingents qu’il aurait astucieusement amorcés afin de modérer la frénésie qu’a excité ce marché  et discuter , seul , pendant l’intermittence qu’obligerait le retour au calme, l’affaire plus tranquillement.

– Pas question de laisser ces mulets  ratatiner mon bien, se dit-t-Il dans un sursaut animal.

Il considérât avec rage les répercussions qu’engendrerait la  possibilité de perdre le marché …c’était perdre la face aussi ; un outrage, une razzia, un pillage !

– Ils ne profiteront jamais de mes largesses, je ne laisserai personne m’enculer ….jamais ! Conclut–t-il en grinçant les dents!

III

Issa sentait sa raison se perdre…

La honte le chargeait violemment .il essaya de fuir, mais elle le suivait et demeurait  suspendue à sa kachabia. Les vieux se taisaient quand il passait devant eux, les mioches du village ‘’bidonville’’ ricanaient discrètement et le conspuaient aussitôt le dos tourné.

Il sentait cette honte le transpercer comme des fleurets .le gloussement des railleurs,  le déchirait. La honte était par tout à présent, elle habitait son être et bouffait ses entrailles .Le déshonneur le consumait.

Peu à peu il renonça à vivre, le désespoir le tirait vers le gouffre. Il découvrit un attrait pour l’abîme, un magnétisme irrésistible qui l’entraînait vers le précipice, il voulait mettre fin à sa vie, mais voyant sa mère il renonça vite à cette idée.

Accablé et désemparé,  il sillonnait les pleines arides et inclémentes, seul, souvent ivre et sale. Il se portait déjà mal lorsque arriva le malheur qui acheva sa décente aux enfers !

Sa mère était morte.

Les larmes de issa le jour des funérailles semblaient intarissables, la calamité défigurait son visage buriné, un sinistre se dégageait de ses pupilles estropiés…un mal vociférant  dévastait son être.

Il s’étouffait et toussait convulsivement, bientôt ses jambes ne pouvaient plus le portait, il s’affala au pied de la tombe, s’évanouissant deux ou trois fois .Nulle consolation ne parut apaiser sa peine. Aucun mot n’arrivait à attendre son chagrin, sa souffrance l’égara puis prenait totalement possession de lui. Il semblait porter tout le poids du deuil, seul aux igues de sa solitude.

Un vent tourbillonnant s’éleva soudainement et recouvrit l’atmosphère brûlante d’un voile de poussières suffocantes.

Le soleil se nichait maintenant au zénith. Quelques chèvres épuisées bêlaient péniblement au loin…

On se dépêcha de mettre le linceul enveloppant ce qui resta de la dépouille consommée par la maladie dans une cavité creusée à la hâte la matinée, tandis que issa détaché, bafouillait des phrases incompressibles en s’agrippant de tout ses doigts tiraillés au sol brûlant, et lorsque on acheva d’enterrer sa mère Il criait comme un possédé en refusant de quitter le cimentière.

Deux de ses voisins s’approchèrent de lui, le saisirent par ses épaules flasques.

Il dissimula son visage entre des mains pudiques comme pour cacher sa douleur, gémissant et bredouillant des mots assourdis.

– Allez issa, courage mon fils, courage…il faut partir maintenant ! A dieux nous appartenons et à lui nous retournerons, dit hadj Menouar sentencieusement, puis s’apercevant toujours du néant qui ne voulait lâcher le regard absent de issa, il ajouta avec gravité : la vie est ainsi faite mon fils, il faut savoir rester digne dans la douleur, ta mère qu’Allah aie pitié d’elle n’aurait jamais appréciée voir son fils dans cet état, allez relève toi mon fils, soit un homme !

À ce mot issa sécha d’un revers de mains ses larmes, il se leva d’un pied consistant, tapa sur sa kachabia pour déloger la poussière. Ses yeux meurtris recouvrèrent soudainement quelque éclat sinistre.

– oui hadj Menouar vous avez parfaitement raison, il faut que je redevienne un homme.

– mais tu es un homme issa, tu l’as toujours été … un homme bien mon fils.

– Non hadj Menouar, non… je ne le  suis plus. Répondit issa fermement.

– Ne dis pas ça mon fils, n’écoute pas les gens, ne laisse pas les langues de vipères te détruire, ne les écoute pas.

– Ouldzoik m’a sali hadj, j’ai tout perdu, toute ma  famille et tout mon honneur.

Hadj Menouar baissa les yeux, navré.

– écoute issa, c’est un lâche, un chien, mais n’oublie pas il y a dieu, il le frappera plus tôt que tu le penses…

Mais issa ne semblait pas disposer à attendre ce châtiment, il ne l’écoutait plus…il écoutait une seule voix celle que fredonnaient ses propres géhennes :’’ venge toi, tue Ouldzoik , cherche Fella et finit la …il faut  laver l’infamie.’’

Issa avait les yeux d’une bête blessée, des yeux qui ne distinguaient que les reflets sanguillonants  de la vengeance.

L’espoir qu’autrefois sautillait telle une belle danseuse de Ouled Nail dans son petit patio  illuminant son petit foyer s’est transformé en une chimère qui dévorait sa  chair maintenant bout après bout à chaque remémoration.

Issa s’isola et personne ne daigna lui porter aide, on l’approchait plus. Il était malade disait-on, et la maladie c’est une chose affreuse, affolante, elle fait peur aux bédouins qui, quoique fort généreux n’aiment que peu les individus s’égarent et qui se détachent d’eux. Considéré comme perdu pour ces hommes, nul ne pouvait dire de quoi il souffrait néanmoins il était lorgné désormais comme un fou furieux, un forcené … un moins que rien, Un fou ! C’était un être sans raison, une bête ; c’était l’agneau lépreux dont il faut isoler, laisser à l’écart du bétail.

Peu à peu, on lui daignait aucune attention, même hadj Menouar n’osait plus l’approcher.

On le vit endormi dans une grotte près d’Ain Feka, marchant sur les sentiers de Faidh El Botma ou traînant le pas dans les ruelles étroites au village de Zaccar , allongé toute une journée sous des palmiers près de Messad. Quelques méchants qui tiraient un plaisir singulier de rire de son malheur prétendaient qu’ils ont vu la bête près des dépotoirs de Laghouat fouiller aux poubelles.

Mais issa avait une seule idée en tête, un seul mal. Jamais il n’a quitté Djelfa depuis que sa mère était  morte.

Il marchait depuis un jour, la nuit l’attrapa à la montagne El Wahchia , il se hissa dans une excavation au pied de la montagne non loin de la zaouïa sidi Thamer , se recroquevilla dans sa kachabia pour chercher un peu de chaleur et dormit.

Le vrombissement des voitures le réveilla assez tôt, il jeta un coup d’œil au cortège qui venait de s’arrêter. Il examina la scène, vit les moutons qu’on égorgeait puis les femmes qui couraient et qui hurlaient sous le sifflotement des cannes. A cet instant, il reconnut l’homme qui donnait les ordres aux hommes qui s’exécutaient ; c’était Ouldzoik .

Il descendit à vive enjambée, contourna discrètement la zaouïa par derrière, et se faufila à travers les embranchements d’une ronce  boursouflée qui léchait son mur ponant, rampa sur le sol glacial et s’arrêta lorsque il découvrit une fêlure au mur en torchis par laquelle il pouvait  épier ce qui se passait à l’intérieur.



…A suivre

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Du bonheur ordinaire..

Minuit était déjà passé. Alger dormait paisiblement sous un ciel ravissant.

Les étoiles en cette nuit d’été avaient un regard tendre et compatissant. Une indulgente brise nocturne chargée d’effluves de jasmin qui semblait s’inviter par erreur, totalement étrangère à l’endroit, courait les rues sales de Bab El oued.

Hassan marié depuis peu, sortit de sa hutte, descendit la rue de la lavandière, tourna hâtivement en relevant les panses de son kamis au coin de la rue Suffren, et pressa le pas pour rejoindre la place de l’horloge. Il acheta deux bouteilles de Hamoud Boualem admirablement fraîches et une bonne ration de cacahouètes et pensa diligemment qu’il avait trop dépensé. Il se dépêcha aussitôt de regagner son domicile.

La voix de Moh p’titwich l’interpella entre deux miaulements de chats.

– Eh…Hassan, viens faire une partie !

La partie de domino avec la bande p’tiwich le tentait car ça manquait jamais de cette cannabis marocaine subtilement hallucinatoire mais il avait d’autres projets ce soir là. Il refusa l’invitation par un sourire et un signe de main…

Comme il approchait l’entrée de son logis l’idée qui lui fit descendre si tard la nuit empourpra son visage : « Ah, je vais lui faire sa fête cette nuit ! hummm la bousillée…» .Cette réflexion cocasse fit sourdre un filament salivaire qui coula le long de son menton, le mit sur ses talons et lui fit énergiquement pincer le derrière.

Il frappa sur la porte d’un léger coup de pied.

Fouzeya s’est mit sur sa quarantaine dans une sorte de cérémonial charnel. Elle était si belle Fouzeya avec son un mètre cinquante, ses cent dix kilos et sa chemise de nuit jaune!! Sa bouche plantureuse meublée d’une dentition bovine, ses pommettes saillantes à souhait, ses yeux écartés et ses bourrelets innombrables attisèrent le feu déjà outrageusement embrasé d’Hassan.

-Ah la mère de ta mère…je t’aime, rugit-t- il pour les besoins des préliminaires.

Elle répliqua par un rire follement tonitruant et se jeta violemment de coté sur le lit qui grinça plaintivement, Puis elle s’est mit à l’aguicher en frisant une mèche avec un doigt épais et gras.

Cette invitation subtile flancha les jambes de Hassan .il ôta son kamis , le jeta par terre et laissa courir sa main de briscard sur sa poitrine simienne avec ardeur en considérant l’étendu de son bonheur. Et quel bonheur dieu … ! Il a réussit finalement à sauver les meubles. Il a réussit ou les autres ont échoué! Lui larron récalcitrant, chômeur chronique, hostile à l’activité est devenu si (monsieur) Hassan, gardien de nuit avec un salaire de 10.000 dinars, a construit illicitement une baraque en parpaing au bidonville de la « Fosse » et s’est marié. Enfin le repos du guerrier, enfin la vie en rose, et il y avait de quoi être fier !

Il se jeta sur le lit avec la même délicatesse que sa femme.

– Ah ma poupée ! Que du chemin nous avons fait toi et moi, te souviens tu quand on était fiancés, ton frère Zoubir le borgne m’a piqué avec son canif lorsqu’il a su que je venais te voir avant le mariage, dit t-il en mâchouillant quelques cacahouètes.

– C’est un crétin Hassan …mais ce n’est pas de sa faute, ces abrutis d’islamistes lui ont bourré le crâne avec des idées à la con, le pauvre ,puis se tournant doucement vers son mari elle murmura voluptueusement en le réinvitant au vif du sujet : Mon p’tit ourson… !

mais Hassan l’interrompu et crut bon de s’attarder sur les souvenirs du bon vieux temps.

– Pourquoi il a une cervelle ton frère ? S’interrogea Hassan avec un sourire malicieux tout en délogeant du bout de la langue les restes des cacahouètes captives entre ses molaires.

Il saisit un verre de boisson gazeuse Hamoud pour ingurgiter le tout.

– Ne dit pas ça de mon frère Hassan , fit elle. Tu n’es qu’un ingrat…t’as oublié que c’est lui qui t’a prêté son costar pour la fête du mariage !

– Toujours cette histoire Fouzeya ! Répliqua Hassan embarrassé en broyant nerveusement une cacahouète qui sembla d’un coup plus dure que les autres.

Il songea rejoindre la bande à p’tiwich.L’ambiance n’était plus propice aux ébats qu’il espérait. Contrarié, Il fit une moue et pensa avec regret qu’il n’aurait jamais du parler avec elle…Qu’il fallait passer illico à l’acte !

Mais Fouzeya démone le convainc de changer de desseins avec une étreinte soudaine et foudroyante.

La lionne lâchant sa proie, Il souriait…Son bonheur était entier.

…A suivre

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